ECRITURES CATHARES



Notre difficulté est de raisonner de façon pneumatique c'est-à-dire « hors du temps » et donc de l'espace qui régit ce monde illusoire. Dans le spirituel il n'y a ni passé ni futur, ni commencement ni fin, ou le commencement est la fin ce qui revient au même.Celui qui connaît le début connait la fin.

 "..Le catharisme ne se fonde  pas sur les évangiles ou la bible, mais sur l'Esprit. Il ignore le concept de textes révélés érigés en écrits sacrés, fussent-ils d'origine chrétienne. Ces derniers sont juste les prédications des premiers chrétiens.



Terril "Saint Antoine"  à Dour en Belgique (Photo LuMa )

Le salut n'est-il pas la conclusion d'un savoir, celui de la perdition ? Rechercher le salut, n'est-ce pas tout d'abord avoir pris conscience de notre condamnation en ce monde ?
Il ne peut avoir de salut sans ce constat simple.
Mais il faut se méfier, l'homme est animé par la volonté de vivre, c'est cette puissance de l'âme qui aliénée au corps, n'est que l'animateur d'un corps. L'âme est attachée à la survie du corps. Elle est là pour le faire vivre, l'animer. Et cette âme angoissée à l'idée de la mort du corps, recherche toujours à assurer la survie, elle est animée de la volonté de vivre et pour cela elle est prête à tout, aux pires crimes comme au plus grands des sacrifices (et d'ailleurs qui a- t-il comme différence entre crimes et sacrifices ?)
Mais l'Esprit n'est pas l'âme, l'Esprit n'est plus lié au corps, il est au contraire le fruit d'un détachement d'avec lui. L'Esprit n'est pas du tout animé par la volonté de vivre. Il regarde la mort du corps et les biens de ce monde, comme choses étrangères et étranges.
L'Esprit regarde la mort en ce monde comme une libération, pour lui la mort est la porte du salut. C'est bien ce qu'indique le Christ sur la croix. Si le Christ avait été animé de la volonté de vivre, jamais il n'aurait monté sur la croix. Il l'aurait évité. Mais lui accepte d'être mis à mort. Si le vouloir vivre s'exprime par la nécessité de la mise à mort des autres à soi, la négation de la volonté de vivre s'exprime par le refus de sacrifier les autres à soi, la mort est acceptée.
Le salut ne passe pas par la négation de la mort en imaginant une survie, ça c'est encore de l'âme et non de l'Esprit, mais le salut passe par l'acception, totale et entière de la mort. Car sans cette mort totalement acceptée, la résurrection ne peut s'opérer. Il faut que le grain meure tout d'abord comme le dit le Christ dans les évangiles. Le salut n'est pas l'espoir d'un salut futur, mais l'acceptation sans réserve de la fin de soi. C'est une parole dure et inacceptable pour l'homme j'en suis conscient.
L'Esprit n'a plus le souci de la survie car il est la Vie. C'est l'âme précisément parce quelle est une mort qui se nourrit de la mort qu'elle a le souci de la vie. Il n'y a que la mort pour se soucier de la vie, parce qu'elle en est privée, elle ne la possède pas. Mais l'Esprit ne peut se soucier de la vie, il est la Vie c'est pourquoi la mort en ce monde ne le concerne pas, parce que la vie de ce monde n'est pas la sienne.

La violence est la nature de la vie en ce monde. Toute vie est lié à la violence. 

La violence fait tellement partie de notre vie, qu'elle passe inaperçue, car elle est naturelle, elle fait partie de notre nature. Nous n'en voyons que l'excès, rarement le quotidien de cette violence, et celle-ci commence à table. Nous nous nourrissons littéralement de violence. Notre vie dépend de notre violence, nos vivres en découle et c'est les animaux qui en sont les victimes quand ce ne sont pas les hommes eux-mêmes.
Mais plus on abandonne la vie en ce monde, plus la nécessité violente de cette vie perd de son utilité. Avec l'évanouissement de la volonté de vivre, s'évanouit la violence liée à cette vie. Mais contre-coups, cette vie non-violente apparait comme violente à autrui, à celui dont la volonté de vivre demeure intacte et toute puissante, car la négation de vivre nie ce qui constitue le fondement même de la volonté de vivre.
C'est pourquoi la vérité est toujours dure à entendre, car elle dit ce que l'on ne veut surtout pas entendre. Cioran remarquait à ce sujet, de mémoire, que l'on peut pardonner mille mensonges mais jamais une seule vérité.
Pour notre violence quotidienne, nous n'avons pas d'autre recours en ce monde que de demander au Père Saint "Benedicite parcite nobis".

......Ruben de Labastide (Diversité cathare 2008)


 L'Aude dans l'Histoire
Une BD de Gauthier Langlois et Claude Pelet chez Aldacom - 2006

Bélibaste cet imparfait cathare !

Guilhem Bélibaste naît vers 1280 à Cubières, un village du Razès (Aude) La riche famille de Guillaume soutient les derniers " Parfaits", propagateurs clandestins de l'hérésie cathare. En ce début du XIVe siècle, il n'en reste plus guère... Un jour d'automne, Guillaume est obligé de tuer un berger qui menaçait de le dénoncer à l'Inquisition. Désormais proscrit, il n'a d'autre choix que de rejoindre, à contrecœur, les errants mystiques. Guillaume, devenu assassin, doit prendre la fuite. Philippe d'Alayrac, fervent adepte de la religion cathare dispensant la bonne parole au gré de ses rencontres, lui propose son aide. Ensemble ils gagneront la Catalogne. Mais comment mener cette vie ascétique lorsqu'on n'a pas la foi? Extraits :-Ils ne désiraient pas bâtir de cathédrales ni de couvents: ils disaient que la seule vraie maison de Dieu était l'âme des vivants. (à propos des cathares p. 9) -Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n'est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit. (à propos des Cathares, p. 10) -Les larmes sont la pluie de l'âme. Elles lavent toutes les crasses........Je n'ai pas assez de courage pour mourir, pas assez de foi pour vivre......Que Philippe me pardonne, je ne t'enseignerais pas ce qu'il m'a enseigné, car je n'ai pas assez de foi dans les bonnes écritures, j'ai trop failli pour en avoir le droit. Je suis le dernier des Parfaits : après moi, il n'y en aura jamais de pires, ni de meilleurs......disait Bélibaste.

 L'Aude dans l'Histoire

Une BD de Gauthier Langlois et Claude Pelet chez Aldacom - 2006

Jacques AUTHIÉ, parfait cathare : « Enfermées par le mauvais créateur dans les tuniques de la terre d'oubli, les âmes déchues ne pouvaient que se réincarner mécaniquement de tunique en tunique, vieillir jusqu'à ce que soit venu, « de la part du Père, Celui qui leur rendit la mémoire, et, par la bouche du Saint Esprit, celui qui nous montra la Voie du Salut ». (Registre d'Inquisition de Jacques Fournier)

Guilhem BÉLIBASTE, dernier Parfait cathare connu: « Le monde ne finira que lorsque tous les esprits créés par le Père Saint auront été incorporés dans les corps d'hommes et de femmes d'une foi pure dans lesquels ils seront sauvés ; après quoi ils retourneront au Père céleste... Tout Être humain imparfait renaît dans d'autres corps. Quant à celui qui, au cours de son ultime incarnation, reçoit l'Esprit-Saint et devient à son tour Parfait, il ne meurt pas. Il est transféré comme dans un sommeil. Il quitte cette tunique de chair et de terre sans peine et revêt la Tunique immortelle et divine du Christ. Devenu semblable à Lui de corps et de forme, il est admis dans le Royaume du Père, précédé par les Anges et les Apôtres. Le corps de chair et de terre qu'il a quitté retourne à la cendre et à la poussière, sans jamais ressusciter. Nos esprits s'en vont de tunique en tunique jusqu'à ce qu'ils entrent dans une Belle tunique, c'est-à-dire dans le corps d'un homme ou d'une femme qui a l'Entendement du Bien. Là ils sont dans la Justice et dans la Vérité. Parvenus dans ce dernier corps, nos esprits seront sauvés et après être sortis de cette Belle tunique, ils retourneront au Père Saint. Le monde ne finira que lorsque tous les esprits créés par le Père Saint auront été incorporés dans les corps d'hommes et de femmes d'une foi pure dans lesquels ils seront sauvés. C'est alors qu'ils retourneront au Père céleste, dans le Royaume de Dieu » (Registre d'inquisition de Jacques Fournier, vers 1320). Voie du Salut ». (Registre d'Inquisition de Jacques Fournier)

Pierre Authier dit à son retour d'Italie : " Dieu veuille que nous soyons venus à point nommé dans cette maison pour sauver les âmes de ceux qui s'y trouvent. Nous n'avons pas peur de peiner : nous ne cherchons qu'a sauver les âmes." 

MANUSCRIT DE FLORENCE ~ Anno 1250

de Jean de Lugio


Le livre des deux principes.

Ces extraits sont issus de la traduction de René Nelli figurant dans «Le phénomène cathare» (Privat éditeur -1967) et sur celle de Walter L. Wakefield et Austin P. Evans "Les hérésies du haut moyen âge " New York Columbia University Press 1991

Le libre-arbitre: Le premier traité du Livre des 2 principes expose qu'il n'y a pas de "libre arbitre" dans l'Homme. L'auteur réfute plusieurs propositions imputées à des adversaires supposés. Un être, quel soit-il, dit-il, est né pour le Bien, ou pour le Mal. Si un homme n'a pas été fondé pour le Bien, n'en ayant donc pas la volonté et n'étant pas capable de le distinguer du Mal, il n'a pas la capacité de faire son salut. Car, si un être pouvait faire autre chose que le fruit de son essence, rien n'empêcherait que le Diable ne devint Christ et le Christ, Satan, l'impossible devenant possible. Si l'Homme peut faire le Mal, c'est qu'il fut, à l'origine, voulu et pensé par le Dieu bon, tout puissant et omniscient, comme capable de le faire, tout au moins dans le temps. Et donc, (du moins pour les Albanenses), le Mal n'est qu'une épreuve temporaire, tolérée par ce Dieu bon. Elle est temporellement vécue dans la succession des incarnations, mais elle épuise, progressivement et par elle-même, son contenu dans l'éternité, et finalement tous les anges perdus reviendront en Dieu. Puisque le Dieu bon ne peut être la cause ni le principe de tout mal, il faut reconnaître l'existence de deux principes, celui du Bien et celui du Mal. Toutes les actions individuelles sont inspirées par l'un de ces principes, du Bien ou du Mal. Seul le vrai Dieu peut sauver les âmes qui ne sont, en elles-mêmes, ni responsables, ni punies, ni récompensées. Et l'âme qui est sauvée l'a toujours été.

Jean De LUGIO,« Les âmes de Dieu passent de corps en corps et, finalement, toutes seront libérées de la peine et de la faute ». 

Mais si le Seigneur vrai Dieu, avait, au sens propre et principal,créé les ténèbres et le mal,il serait à n'en pas douter la cause et le principe de tout mal, ce qu'il est vain et funeste de penser.


« Que les gens instruits lisent donc les Écritures et, sans aucun doute, ils se convaincront qu'il existe un lieu mauvais - seigneurs et créateurs - qui est la source et la cause de tous les maux (...), sans quoi il leur faudrait nécessairement confesser que c'est le vrai Dieu lui-même - celui qui est la lumière et qui est bon et sain, celui qui est la fontaine de vie et l'origine de toute douceur, de toute suavité et de toute justice - qui serait la cause de toute iniquité et toute injustice, et que tout ce qui est opposé à ce Dieu, comme étant son contraire, procéderait en réalité de lui seul : c'est qu'aucun sage n'aurait jamais la sottise de soutenir dualiste sans équivoque ni compromission ».

C'est pourquoi nous devons nécessairement reconnaître qu'il existe un autre principe, le principe du mal, que ce principe paraît animer Dieu contre sa nature et la créature contre son Dieu ; et qu'il pousse Dieu à vouloir y désirer ce que, de lui-même, il ne voudrait nullement. D'où il résulte que, sous cette (?) que l'Ennemi malin, le vrai Dieu veut qu'il souffre, se repent, sert ses propres créatures et peut-être, aidé par elles (p. 96), nul échappatoire n'est possible. Il est donc évident que tout ce que l'on trouve de beau dans la créature de Dieu vient directement de lui et par lui. C'est lui qui a donné son être au bien et qui en est la cause (...). Mais le mal, s'il se rencontre dans le peuple de Dieu, ne provient pas du vrai Dieu ni ne se manifeste par lui : ce n'est pas Dieu qui l'a fait exister, car il n'est pas sa cause et ne l'a jamais été (p. 101). Impossible autrement d'expliquer le mal. On doit donc considérer ici que nul en ce monde ne peut nous montrer le Dieu mauvais, d'une façon visible et temporelle, pas plus qu'ailleurs que le Dieu bon, mais que c'est par l'effet que l'on connaît la cause (p. 161).....

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Dans l'important 5e traité "Contre les Garatenses", Jean de Lugio expose la principale divergence doctrinale avec les "dualistes mitigés". L'auteur réfute leur idée qu'il n'existe qu'un seul Créateur très saint dont le mauvais Prince de ce monde fut d'abord une créature. Par la suite, celui-ci corrompit les quatre éléments et en format l'homme et la femme et tous les corps visibles. S'ils croient, dit-il, qu'il n'y a qu'un seul vrai créateur du visible comme de l'invisible, ils ne devraient pas rejeter sa sainte création en condamnant l'œuvre de chair ni en demeurant végétariens. Ils disent que cette corruption s'est opérée contre la volonté de Dieu, et ils doivent donc admettre qu'il existe un autre principe, capable de corrompre les quatre saints éléments, contre sa volonté ou avec sa permission. Car ils enseignent aussi que cette permission donnée fut mauvaise et vaine, et l'on voit qu'elle le fut. Alors, ce Dieu qui aurait donné cette permission maligne serait lui-même la cause première du Mal, et ceci est la contradiction de la doctrine des Garatenses. Le 6e traité revient sur l'affirmation de l'absence du libre arbitre avec quelques arguments supplémentaires. Le dernier traité, "de persecutionibus", prépare les fidèles aux persécutions attendues en rappelant celles que subirent les prophètes, le Christ, les apôtres et tous ceux qui les suivirent. 

 [13] SUR L'ORIGINE DU MAL et par conséquent du mauvais principe, nous devons nécessairement reconnaître qu'il existe un autre principe, celui du mal, qui oeuvre très malignement contre le vrai Dieu; et ce principe semble animer Dieu contre sa propre création et la création contre son Dieu, et qu'il pousse Dieu lui-même à souhaiter et désirer ce que, de lui-même, il ne voudrait nullement. D'où il résulte que,sous cette impulsion de l'ennemi malin,le vrai Dieu veut et souffre, se repent,sert ses propres créatures et peut être aidé par elles. D'où Dieu dit à Son peuple par Isaïe: «Vous m'avez rendu comme esclave par vos péchés, et vos iniquités m'ont fait une peine insupportable.» et encore: «Je suis las de les souffrir." Et Malachie déclare: «Vous avez fait souffrir le Seigneur par vos discours."Et David: «Et il fut touché selon la grandeur de sa miséricorde." Et l'Apôtre dit dans sa première épître aux Corinthiens: «Nous travaillons sous les ordres de Dieu."

De l'action que le mauvais principe exerce sur Dieu, le Seigneur dit lui-même dans le livre de Job, s'adressant à Satan«Mais tu m'as porté à m'élever contre lui, pour que je l'afflige sans qu'il l'ait mérité." Et par la bouche d'Ezechiel : «Et quand elles ont surpris les âmes de mon peuple, les fausses prophétesses les assurent que leurs âmes sont pleines de vie!. Elles ont détruit la vérité de ma parole dans l'esprit de mon peuple pour une poignée d'orge et un morceau de pain,en tuant les âmes qui n'étaient point vivantes ". Et le Seigneur, se lamentant sur son peuple, dit par Isaïe: «Parce que j'ai appelé, et vous ne avez point répondu; j'ai parlé, et vous n' avez point entendu; vous avez fait le mal devant mes yeux, et vous avez choisi les choses qui me déplaisent." 


Et il apparaît clairement que la possibilité offerte à l'homme de servir Dieu constitue un excellent argument en faveur de ma thèse. Car s' il n'y avait qu'un seul Principe principiel, saint, juste et bon, comme il a été déclaré du vrai Seigneur Dieu dans ce qui précède, il ne s'infligerait point lui-même tristesse, affliction et douleur, il ne subirait pas lui-même le châtiment de ses propres actions; il ne souffrirait pas, ne se repentirait pas, n'aurait pas besoin d'être aidé, ne serait point asservi dans les péchés d'autrui; ne désirerait rien, et n'aurait pas besoin de vouloir hâter ce qui est trop lent à se réaliser; rien ne pourrait faire obstacle à sa volonté; il ne pourrait être mû ni contraint par personne.Rien n'existerait qui pût le grever, mais toutes choses lui obéirait par nécessité impérieuse. Et surtout, cela est vrai parce que «toutes les choses seraient de Lui , en Lui et par Lui, dans toutes leurs dispositions», s'il n'existait qu' un seul Principe principiel saint, bon et juste, comme je l'ai indiqué ci-dessus dans la discussion sur le vrai Dieu. 

[17] LA PREUVE qu'il n'y a pas de libre arbitre. Si quelqu'un devrait examiner minutieusement les arguments exposés ci-dessus, il verrait que ma position ne est pas affaiblie par le concept de libre arbitre, ce qui signifie une force ou l'énergie sans laquelle nos adversaires disent a été donné par Dieu, par lequel les anges étaient capables de bien ou de mal à leur plaisir. Pourtant, de l'avis des sages, il apparaît impossible pour quiconque d'avoir une puissance de deux contraires simultanément, à un seul et même temps; ce est, pour une partie pour avoir une puissance de faire le bien pour tous les temps et pour faire le mal pour tous les temps. Et surtout est-ce vrai en Dieu, qui a une connaissance complète de l'avenir, et selon dont la sagesse toutes les choses sont faites de nécessité de toute éternité.


Et il est particulièrement curieux comment les bons anges auraient été capables de haïr la bonté semblable à la leur, qui existait de toute éternité comme l'a fait sa cause, et de ravir dans la méchanceté, qui ne existait pas encore et qui est l'exact opposé de la bonté; et cela sans raison si, comme disent non éclairé, il n'y avait aucune cause du mal du tout. Et surtout est-ce parce qu'il est écrit dans le Livre de Jésus fils de Sirach: «Tous les animaux aime son semblable, de même aussi tous les hommes celui qui est le plus proche de lui toute chair frayer avec similaire pour lui-même et chacun sera. se associer à ses semblables ". Et encore, "Oiseaux recours vers leurs semblables, de sorte vérité reviendront à ceux qui la pratiquent." Et il semble donc clair que les bons anges auraient cherché plutôt à choisir le bon comme eux-mêmes, qui existait de toute éternité, que de repousser bonne et se attachera à mal, ce qui ne existait pas (ni d'ailleurs était la cause [Satan], si je suis la conviction de mes adversaires); mais il ne semble pas possible que tout peut voir le jour sans une cause. Pour il est écrit: «Il est impossible que tout ce qui a un commencement doit avoir aucune cause"; et encore: «Tout ce qui change de la puissance à effet besoin d'une cause par laquelle il peut être mis en vigueur." Et aussi, en fonction de mes adversaires, ce qui existait, à savoir la bonne, eu moins d'effet que celui qui ne existait pas, à savoir le mal; et ce, malgré le fait que il est écrit, "Une chose doit avoir existé avant elle peut avoir un effet." Et aussi, il faut bien reconnaître que si une cause doit conserve entièrement son caractère original, rien ne serait résulter autre que celui qui le premier produit. Pour chaque nouvel effet est le résultat d'un nouveau facteur de quelque sorte, comme il est écrit: «Car si quelque chose qui ne était pas un agent devient un agent, cela prend inévitablement lieu à cause d'un nouveau facteur de quelque sorte." De cela, il faut réaliser que si les dispositions de l'agent étaient de continuer comme ils étaient à l'origine, et si ce était, jusque-là, rien de nouveau affecté par soit en interne ou en externe, assurément l'agent aurait moins la fonction de faire-existent que celui de la non-existence et non-existence serait persister indéfiniment. Car de même que de la diversité quelque chose de différent peut se présenter, de l'uniformité similitude persiste.


Et si, en fait, aucun des anges aurait péché sans la volonté libre, Dieu en aucune manière lui ont donné, depuis, il aurait su que de cette seule cause son royaume serait corrompu. En outre, la corruption des anges serait nécessairement provenir du Dieu qui «est au-dessus de tout éloge," qui est une mauvaise chose de supposer. Il résulte de ce qu'il y a un autre principe, celui du mal, qui est la source et la cause de la corruption des anges et de tous les maux.

                                                                           Attribué à Jean de Lugio

                     Début du rituel cathare de Lyon, copié à la suite d'une bible cathare en occitan.              

Bibliothèque municipale de Lyon 



L'Esprit est immortel et les réalités spirituelles sont éternelles, quels que soient les Hommes, leurs volontés, leurs croyances,les époques et les circonstances.

 Il y a deux principes :

Le premier, le souverain Bien, le Dieu de Lumière, est celui des choses spirituelles et incorporelles
Le second, le souverain mal, le dieu des ténèbres, est celui des choses corruptibles et corporelles ou visibles » 
(Jean de Lugio) 

Votre Père, c'est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le Commencement, c'est un meurtrier: il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il ment, il parle de son propre fond, puisqu'il est menteur, lui le père du mensonge. ». Jean (8-44)
Barthélemy de Carcassonne, citant l'apôtre Jacques, l'exprime ainsi : « âmes adultères, ne savez-vous pas que l'amour pour ce monde est une inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami de ce monde se rend ennemi de Dieu » (Jacques 4, 4). 

« Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles (éros) qui font la guerre à l'âme (Agapê)» (I Pierre 2, 11) 




Notice de la nouvelle édition du Rituel Occitan de Lyon par Anne Brenon

« Deux rituels cathares sont parvenus jusqu'à nous... » écrivait en 1959 René Nelli. L'année suivante, comme par miracle, un troisième rituel, rédigé en occitan, était découvert à Dublin et publié par le romaniste belge Théo Venckeleer. Le lecteur en trouvera bien sûr ici une traduction, précédée d'une notice, à la suite des traductions par René Nelli des rituels de Florence (rituel latin) et de Lyon (rituel occitan).

Le rituel latin de Florence, pour sa part, bénéficia en 1977 d'une édition et d'une nouvelle traduction par Christine Thouzellier (Christine Thouzellier, Rituel cathare latin, introduction, texte critique, traduction et notes, Paris, Le Cerf, 1977), dont les conclusions, quant au caractère archéo-chrétien de ce rituel de baptême, ne diffèrent guère de celles de son premier éditeur, le Père Dondaine.

Un certain nombre d'études précises concernant le rite de baptême cathare ont également vu le jour, mettant en lumière l'unité des rituels, que rené Nelli soulignait déjà, et notamment le parallélisme entre les rituels cathares et bogomiles. Les sources grecques et slaves ne nous ont pas conservé de rituel bogomile d'origine, mais les textes de la controverse anti-hérétique de l'empire byzantin - Epistula invectiva d'Euthyme de la Péribleptos (début XI° siècle) et Panoplia matica d'Euthyme Zigabène (début XII° siècle) - décrivent avec suffisamment de détails et de précision les rites d'initiation chrétienne des bogomiles pour que l'on y reconnaisse avec sûreté le parallèle grec des rituels occidentaux.

L'étude la plus complète et la plus actuelle des rituels bogomiles et cathares est due à Ylva Hagman (Ylva Hagman, « Le Rite d'initiation chrétienne chez les cathares et les bogomiles », dans Heresis, n° 20, 1993, pp. 13-31). Cette jeune universitaire suédoise a notamment mis en lumière la structuration en deux phases de l'initiation chrétienne chez les bogomiles dans le courant du XI° siècle, déroulement en deux temps dont les sources hérésiologiques ont gardé la trace : un postulat ou catéchuménat suivi d'un baptême par imposition des mains, puis une nouvelle période de probation suivie d'un nouveau rituel d'imposition des mains. Il est probable que le premier geste rituel ait figuré un baptême d'initiation chrétienne, et que le second ait eu valeur d'ordination.

Il est possible d'identifier un reliquat de cette double pratique dans le double geste de Nicétas, conférant à Saint Félix, en 1167, consolament et ordination. On retrouve également dans une source occidentale qui n'est que de peu postérieure au traité d'Euthyme Zigabène, c'est-à-dire la lettre d'Evervin de Steinfeld à saint Bernard concernant les hérétiques rhénans, datée de 1143, l'indication que ces premières communautés occidentales bien organisées étaient divisées en trois grades : auditeurs, croyants et élus. Les auditeurs étaient reçus dans la secte comme croyants par une première imposition des mains, et les croyants reconnus dignes étaient enfin reçus comme élus par un baptême (« Lettre d'Evervin de Steinfeld à saint Bernard », dans Patrologie latine, 182, col. 678. Citée et commentée par Ylva Hagman, loc. cit., p. 30).

Laissons conclure Ylva Hagman : « Les bogomiles et les cathares des XI° et XII° siècles ont connu un rite d'initiation chrétienne en deux étapes jusqu'à l'ordination, structure qui rappelle l'usage de l'Eglise primitive entre 150 et 250 environ ; mais par la suite, en Occident du moins, la signification et la pratique de la première phase [...] se sont fondues dans le rituel d'ordination. [...] Croisade et Inquisition ont interrompu par force la vie religieuse de caractère monastique des communautés cathares et leur ont imposé des nécessités d'improvisation. Il est bien possible que le rite d'initiation des cathares se soit alors condensé dans une période de probation plus courte et dans une seule cérémonie rituelle, le consolamentum, englobant la tradition de l'évangile et du Pater ainsi que la rémission des péchés, le don du saint esprit et l'ordination. » (Id., p. 31)

L'unité des rituels cathares et bogomiles avait déjà été soulignée en 1985 par le Père Franjo Sanjek, qui proposait une synthèse des descriptions connues du consolament, incluant celles données par les formulaires inquisitoriaux, mais aussi le modèle des rituels bosniaques : il établissait en effet qu'un recueil biblique bosniaque, compilé vers le milieu du XV° siècle, contenait des fragments de formules d'un rituel des chrétiens bosniaques remontant probablement aux XII°/XIII° siècles : ces fragments s'apparentent de très près à ce que nous connaissons du rituel cathare et bogomile (Franjo Sanjek O P, « L'initiation cathare dans l'occident médiéval », dans Heresis n° 5, 1985, pp. 19-27. Pour une synthèse des informations et des sources, se reporter à l'ouvrage de Jean Duvernoy, La Religion des cathares..., p. 143-170).

Ces études de l'ensemble des rituels, et notamment l'apport du rituel de Dublin, ont enfin permis de dégager encore plus clairement les fondements scripturaires, le caractère d'initiation chrétienne et le rôle sacramentel du consolament - geste de rémission des péchés - dans l'Eglise cathare (le point sur cette question dans : « Le Geste liturgique de l'imposition des mains », Jean Blanc, Heresis n° 21, 1994, pp. 5-14 ; et « Les Fonctions sacramentelles du consolament », Anne Brenon, Heresis n° 20, 1993, pp; 33-55).


Manuscrit Cathare de Dublin

                                                              Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit.

1. Nous désirons donner, selon le témoignage des Saintes Ecritures, la connaissance et la compréhension de l'Eglise de Dieu. Ladite Eglise n'est faite ni de pierre, ni de bois, ni de toutes autres choses faites de main d'homme, ainsi qu'il est écrit dans les Actes des Apôtres: "Dieu ne réside pas dans des maisons faites de main d'homme.".

2. Car cette Eglise est la réunion des fidèles et des saints hommes en laquelle Christ demeure et demeurera jusqu'à la fin des siècles, comme le dit le Seigneur: "Et voici, je suis avec vous jusqu'à la fin du monde". Et dans l'Evangile de Jean: "Si quelqu'un m'aime. il gardera ma parole et mon Père l'aimera, nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui". Et il dit aussi: "... si vous m'aimez, gardez mes commandements, et moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir car il ne le voit ni ne le connaît. Mais vous, vous le connaissez, car il demeure en vous et il sera en vous".

3. Paul parle de cette Eglise, plus loin dans l'Epître aux Corinthiens: "... ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l'esprit habite en vous? Si quelqu'un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira: car le temple de Dieu est saint et c'est ce que vous êtes".

4. Et aussi: "... ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu.

5. Et aussi: "Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l'a dit: J'habiterai et je marcherai au milieu d'eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C'est pourquoi, Sortez du milieu d'eux, Et séparez-vous, dit le Seigneur; Ne touchez pas à ce qui est impur, Et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, Et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout puissant. "

6. Et Paul dit aussi à Timothée: " Je t'écris ces choses, avec l'espérance d'aller bientôt vers toi, mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité. " Et il dit encore aux Hébreux: "Christ est comme Fils sur sa maison; et nous sommes sa maison". Mais dans l'Evangile de Matthieu, Christ dit de cette Eglise à Pierre: "Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle". Et Luc dit dans les Actes des Apôtres: "L'Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s'édifiant et marchant dans la crainte du Seigneur, et elle s'accroissait par l'assistance du Saint-Esprit".

7. Et le Seigneur Jésus-Christ dit dans l'Evangile de Matthieu: "Si ton frère a péché, va et reprends le entre toi et lui seul. S'il t'écoute tu as gagné ton frère mais s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes afin que l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise: et s'il refuse aussi d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain".

8. Mais l'Eglise du Christ ne pourrait faire toutes ces choses si elle était en construction comme celles qu'on appelle des églises, car de telles constructions ne peuvent ni marcher, ni entendre, ni parler. Car Paul dit de cette Eglise sainte du Dieu vivant aux Ephésiens: "Christ a aimé l'Eglise et s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier, par la parole de vie, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau, afin de faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans taches ni rides, ni rien de semblable, mais sainte et impeccable".

9. Et cette Eglise pure et sainte est la chambre du Saint-Esprit, comme il a été démontré plus haut, de laquelle Christ dit: "Car ce n'est pas vous qui parlerez mais c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous".

II.

1. Cette Eglise de Dieu, dont nous parlons, a reçu tel pouvoir de notre Seigneur Jésus-Christ que les péchés sont pardonnés par ses prières, comme Christ le dit dans l'évangile de Jean: "Recevez le Saint-Esprit; ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus". Et Matthieu dit: "Il leur donna pouvoir de chasser les mauvais esprits". Et Marc écrit: "Il leur donna le pouvoir de chasser les démons"; et Luc: "Il leur donna pouvoir sur tous les démons".

2. Et Christ dit encore dans l'évangile de Matthieu: "Si ton frère refuse d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que si deux d'entre vous s'accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux".

3. Et Pierre dit dans son épître: "Car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs prières". Et Jacques dit: "Car la prière du juste a une grande valeur". Car Christ dit dans l'évangile de Marc: "C'est pourquoi je vous le dis: tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir". Et il dit encore: "Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues, ils saisiront les serpents, ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris".

4. Mais pour ceux qui souffrent de la maladie du péché, Jacques révèle la manière de guérir l'infirmité de l'âme: "Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les Anciens de l'Eglise, et que les Anciens prient pour lui en l'oignant d'huile au nom du Seigneur, et la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera et s'il a commis des péchés il lui seront pardonnés".

5. Pour cette raison et beaucoup d'autres, il s'est avéré que seules les prières de la sainte Eglise du Christ peuvent remettre les péchés, ainsi que Christ le dit: "Tous ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés, ils leur seront pardonnés, et tous ceux à qui vous retiendrez leurs péchés, ils leur seront retenus".

6. Mais si d'aucuns sont si aveugles et si ignorants pour penser qu'il déclara que ce pouvoir n'advint et ne fut donné qu'aux seuls apôtres, qu'ils étudient l'évangile de Jean où Christ dit: "Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des siècles". Et encore: "Cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive". Pour ces raisons, il est certain que le pouvoir détenu par l'Eglise de Christ est maintenu et le sera jusqu'à la fin.

III.

1. Cette Eglise s'abstient de tuer et ne consent pas à ce que le meurtre soit commis. Car Notre Seigneur Jésus-Christ dit: "Si tu veux entrer dans la vie, ne soit pas meurtrier". Et il dit encore: "Vous avez entendu qu'il a dit aux anciens: tu ne tueras point: celui qui tue mérite d'être puni par les juges. Mais moi je vous dit que quiconque se met en colère contre son frère, mérite d'être puni par les juges". Et Paul dit: "Tu ne tueras point". Et Jean dit dans son épître: "Et vous savez que le meurtrier n'a pas la vie éternelle".

2. Et il est dit dans l'Apocalypse que "les meurtriers sont hors de la cité sainte". Et il dit encore que "tout homme qui tueras par l'épée sera tué par l'épée". Et aussi que "la part des meurtriers sera en l'étang ardent du feu et de soufre".

3. Et Paul dit aux Romains pleins d'envie, de meurtres, de querelles, de fraudes et de malice: "Ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort" et non seulement ils les font, mais ils approuvent ceux qui les font.

IV.

1. Cette Eglise s'abstient de l'adultère et de toutes les impuretés, car notre Seigneur Jésus-Christ dit: "Tu ne commettras point l'adultère". Et il dit aussi dans l'évangile de Matthieu: "Vous avez appris qu'il a été dit aux Anciens: tu ne commettra point d'adultère. Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère dans son coeur avec elle". Et encore: "C'est du coeur que viennent les mauvaises pensées, les adultères et les impudicités et toutes les choses souillent l'homme".

2. Et dans le livre des Prophètes, il est écrit: "Celui qui commet un adultère dans la folie de son coeur, détruit son âme". Et Paul dit aux Ephésiens: "Que ni la fornication, ni aucune espèce d'impureté ne soient nommées parmi vous". Il dit aussi: "Et sachez bien qu'aucun impudique, impur ou cupide n'a d'héritage dans le royaume du Christ".

3. Il est dit aux Galates: "Les oeuvres de la chair sont manifestes: ce sont la fornication, l'impureté, l'impudicité, la luxure, etc... Et ceux qui commettent de telles choses n'hériteront pas du royaume de Dieu". Et il dit encore aux Corinthiens: "Ne vous trompez pas: ni les impudiques, ni les cupides, ni les adultères n'hériteront du royaume de Dieu". Et il dit aux Hébreux: "Dieu jugera les impudiques et les adultères".

4. Et dans l'Apocalypse il est écrit: "Les impudiques seront jetés hors de la cité sainte". Et Jean dit encore que "la part des adultères sera dans l'étang ardent de feu et du soufre" et que c'est la seconde mort.

V.

1. Cette Eglise s'abstient de tous les vols: car notre Seigneur Jésus-Christ dit dans l'évangile de Matthieu: "tu ne voleras point". Et Paul dit aux Ephésiens: "Que celui qui volait ne vole plus: mais qu'il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien pour avoir de quoi donner". Et il dit aussi aux Romains: "Tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain". Et Pierre dit dans son épître: "Qu'aucun de vous ne souffre comme meurtrier, ou comme voleur, ou comme s'ingérant dans les affaires d'autrui".

VI.

1. Cette Eglise s'abstient du mensonge et des faux témoignages: car notre Seigneur Jésus-Christ dit: "Tu ne mentiras point".

2. Et Pierre dit dans son épître: "Si quelqu'un veut aimer la vie, et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses".

3. Et Paul dit aux Romains: "Tu ne porteras pas de faux témoignages"; et également aux Ephésiens: "C'est pourquoi renoncez au mensonge et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain".

4. Et dans l'Apocalypse Christ dit : "qu'il n'entrera dans la cité sainte rien de souillé ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge".

5. Et il dit encore que "sera rejeté de la cité sainte tout homme qui aime et pratique le mensonge"; et aussi que "la part des menteurs sera dans l'étang ardent de soufre et de feu".

6. C'est pourquoi Paul dit aux Colossiens: "Ne mentez pas les uns les autres". Et dans le livre des Prophètes, il est écrit: "La bouche qui ment détruit l'âme".

VII.

1. Cette Eglise s'abstient de jurer: car notre Seigneur Jésus-Christ a dit dans l'évangile de Matthieu: "Ne jurez aucunement, ni par le ciel, car c'est le trône de Dieu, ni par la terre, car c'est son marchepied, ni par Jérusalem parce que c'est la ville du grand roi, ni par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu".

2. Mais en outre, après avoir interdit de jurer, il enseigne comment l'on doit parler, disant: "Que votre parole soit oui, oui, non, non", comme s'il disait: ce que tu as dans le coeur, dis le seulement par des mots, sans jurer.

3. Car le Christ dit que: "Ce qui est en plus vient du malin".

4. Ce qui est du diable est appelé le mal dont nous demandons à Dieu, dans nos prières, de nous délivrer, disant: "Délivrez-nous du mal".

5. Mais à l'encontre de ce précepte, la maligne Eglise romaine dit et affirme que l'homme doit jurer et dit que Dieu jura et que les anges aussi. Mais en raison de cela, s'ils ont juré nous ne le devons pas; car ni à Dieu ni aux anges n'a été donné le commandement de ne point jurer.

6. Et Paul dit que là où il n'y a pas de loi, il n'y a pas de transgression. C'est pourquoi on ne doit pas jurer, car il nous est prescrit de ne point le faire; car si l'on jure, on se parjure souvent.

7. Il est ainsi manifeste que plus de cent mille parjures ont été faits par la maligne Eglise Romaine.

8. C'est pourquoi Jacques, l'Apôtre, qui avait entendu la vérité de notre Seigneur Jésus-Christ dit dans son épître: "Avant toute chose, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement".

9. Et c'est pourquoi l'Eglise du Christ ne jure pas; car si elle le faisait, elle transgresserait la loi du Christ qui a dit: "Ne jure pas".

VIII.

1. Cette Eglise s'abstient du blasphème et des malédictions; car Jacques a dit: "Si quelqu'un croit être religieux sans tenir sa langue en bride mais en trompant son coeur, la religion de cet homme-là est vaine".

2. Et Paul dit aux Ephésiens : "qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise", et il dit encore : "Que toute amertume, toute animosité, toute colère, toute clameur, toute calomnie disparaissent de milieu de vous".

3. Et aux Colossiens il dit : "Renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l'animosité, aux blasphèmes, aux mauvaises paroles".

4. Et Pierre dit dans l'épître: "Ne rendez pas le mal pour le mal; bénissez au contraire car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction. Si quelqu'un en effet veut aimer la vie et voir des jours heureux, qu'il préserve sa langue du mal et ses lèvres des paroles trompeuses".

5. Car Jésus-Christ dit qu'au jour du jugement, "les hommes rendront compte de toutes les paroles vaines qu'ils auront proférées.

6. Car par tes paroles tu seras justifié et par tes paroles tu seras condamné".

7. Et à cause de la bénédiction juste, quand sera venu le jour du jugement, ils seront appelés bénits.

8. Et les méchants, qui auront usé de la malédiction, seront appelés maudits, comme le révèle l'évangile de Matthieu: "Lorsque Christ sera assis sur le trône de sa gloire, il séparera les mauvais des bons; et il dira aux bons: venez vous qui êtes bénis de mon Père, prenez possession du royaume qui a été préparé pour vous...; et aux mauvais il dira: retirez-vous de moi, maudits, allez au feu inextinguible".

IX.

1. Cette Eglise garde et observe tous les commandements de la loi de vie, car Jacques dit dans son épître: "Quiconque observe toute la loi mais pèche en un seul point, devient coupable de tous.

2. Car celui qui dit: tu ne commettras point d'adultère, a dit aussi: tu ne tueras point. Or si tu ne commets point d'adultère mais que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi".

3. Et Christ dit: "Ou bien dis que l'arbre est bon et que son fruit est bon, ou bien dis que l'arbre est mauvais et que son fruit est mauvais".

4. Et c'est pourquoi l'Eglise de Dieu désire que tous ses fruits soient bons pour ressembler à son bon maître et guide Jésus-Christ: car tout ce qu'il a enseigné aux autres, il l'a fait et accompli auparavant dans ses oeuvres en sorte que si d'aucuns ne veulent pas croire en lui par ses paroles, qu'ils croient du moins en lui par ses bonnes oeuvres. Ce dont il dit dans l'évangile de Jean: "Si vous ne voulez pas croire aux paroles, croyez en les oeuvres".

5. C'est pourquoi Pierre dit: "Christ a souffert pour nous, nous laissant un exemple afin que nous suivions ses traces. Lui qui n'a commis de péché et dans la bouche duquel ne s'est point trouvé de fraude". Ainsi l'Eglise de Dieu, qui est dite corps du Christ, désire suivre son chef Jésus-Christ.

6. D'où Paul dit: "Il a tout mis sous les pieds de Christ, et lui, il l'a donné pour chef à toute l'Eglise qui est son corps". Et aussi: "Vos corps sont les membres de Christ".

7. Ainsi, puisque les vrais chrétiens sont membres de Christ, il leur incombe d'être saints, purs et chastes et exempts de tout péché comme leur chef Jésus-Christ, car Jean écrit: "Quiconque demeure en lui ne pèche point et quiconque pèche ne l'a pas vu et ne l'a pas connu".

8. Il dit encore: "Tout homme qui déclare demeurer en Christ, doit marcher comme il a lui-même marché". Et il dit encore: "Si nous disons que nous sommes en communion avec lui et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité; mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion avec lui".

9. C'est pourquoi il dit: "Qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste".

X.

1. Cette Eglise souffre les persécutions, les tribulations et le martyre au nom du Christ; car il a lui-même souffert dans la volonté de sauver et purifier son Eglise et pour lui montrer par sa parole et ses oeuvres que, jusqu'à la fin du monde, elle aura à souffrir la persécution, les insultes et les malédictions, comme il l'a dit dans l'évangile de Jean: "Ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront"; et dans l'évangile de Matthieu: "Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice car le royaume des cieux est à eux.

2. Heureux serez-vous lorsqu'on vous outragera, qu'on vous persécutera et qu'on dira de vous toute sorte de mal à cause de moi.

3. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse parce que votre récompense sera grande dans les cieux; car c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous".

4. Et il dit encore: "Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups"; et encore: "Vous serez haïs de tous les hommes à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé, Et quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre".

5. Notons bien tous ces propos du Christ qui contredisent la maligne Eglise romaine.

6. Car elle n'est pas persécutée pour le bien ou la justice qu'elle aurait en elle, mais au contraire c'est elle qui persécute et tue ceux qui refusent d'accepter ses péchés et ses agissements. Elle ne fuit pas de villes en villes mais régente les villes, les bourgs et les provinces et trône superbement dans les fastes de ce monde, étant la crainte des rois, des empereurs et des autres barons.

7. Elle n'est pas d'avantage comme un agneau au milieu des loups mais plutôt comme un loup parmi les brebis ou les chèvres; car elle s'efforce de tyranniser les païens, les juifs et les gentils.

8. Et avant tout, elle tue et persécute l'Eglise du Christ qui supporte tout avec patience, comme l'agneau n'opposant aucune résistance au loup.

9. C'est pourquoi Paul dit: "C'est pour toi qu'on nous met à mort tout le jour, qu'on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie".

10. Mais à l'opposé de cela. les prêtres de l'Eglise romaine n'éprouvent aucune honte à dire qu'ils sont les brebis et les agneaux du Christ, et à déclarer que les loups sont l'Eglise du Christ qui est persécutée par eux.

11. Il y a là une contradiction car dans les temps passés, les loups persécutaient et tuaient les brebis; maintenant tout serait renversé car les brebis seraient si enragées qu'elles mordraient, persécuteraient et tueraient les loups.

12. Et les loups seraient si patients qu'ils se laisseraient dévorer par les brebis.

13. Mais l'Eglise romaine dit encore: "nous ne persécutons pas les hérétiques pour leurs bonnes oeuvres, mais à cause de la foi, parce qu'ils refusent de la recevoir.

14. Notons comme elle semble bien être la fille de ceux qui tuèrent Christ et les apôtres; car ils ont tué et persécuté et ils le feront jusqu'à la fin parce que les saints dénoncent leurs péchés et leur prêchent une vérité qu'ils ne peuvent comprendre.

15. C'est pourquoi Christ leur dit dans l'évangile de Jean: "Je vous ai fait voir plusieurs bonnes oeuvres venues de mon Père: pour laquelle me lapidez-vous? Et ils répondirent: nous ne te lapidons pas pour une bonne oeuvre mais pour un blasphème".

16. Ainsi, il est évident que depuis l'origine du monde les loups ont tué et persécuté les brebis et les méchants ont persécuté les bons et les pécheurs ont persécuté les saints.

17. Et c'est pourquoi Paul dit: "Tout homme qui veut vivre saintement en Jésus-Christ sera persécuté".

18. Notons qu'il ne dit pas "persécutera" mais "sera persécuté".

19. Et Jésus Christ dit à son Eglise dans l'évangile de Jean: "L'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu".

20. Notons qu'il ne dit pas: "l'heure vient où vous persécuterez et ferez mourir les hommes et rendrez un culte à Dieu".

21. Et Jésus Christ le bon, dit encore aux persécuteurs: "Voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous les tuerez et les crucifierez et vous les battrez avec des verges et vous les persécuterez de villes en villes".

22. Et dans les Actes des Apôtres, les apôtres disent: "Car, par les nombreuses tribulations et persécutions, nous entrons dans le royaume des cieux".

23. Et c'est pourquoi Jean l'apôtre dit: "Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait".

XI.

1. Cette Eglise délivre le saint baptême spirituel qui est l'imposition des mains par laquelle est donné le Saint-Esprit et duquel Jean-Baptiste dit: "Celui qui vient après moi vous baptisera du Saint-Esprit".

2. C'est pourquoi, lorsque notre Seigneur Jésus Christ vint du trône de sa gloire pour sauver son peuple, il prescrivit à son Eglise de baptiser les autres hommes de ce baptême, comme il le dit dans l'évangile de Matthieu: "Allez et enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit".

3. Et il leur dit dans l'évangile de Marc: "Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création.

4. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera perdu". Mais la maligne Eglise romaine, comme un aveugle guidant des aveugles, dit que le Christ référait au baptême d'eau que donnait Jean-Baptiste avant que Christ ne prêche.

5. Ceci peut être réfuté en plusieurs points: si le baptême que donne cette Eglise était celui que Christ a donné à son Eglise, alors presque tous ceux qui l'ont reçu seraient condamnés, car le Christ dit: "Ceux qui ne croiront pas seront perdus".

6. Or ils baptisent les petits enfants qui ne peuvent croire en rien et qui n'ont pas l'entendement du bien et du mal; ils les condamneront ainsi par leur parole.

7. Mais si les gens sont sauvés par le baptême temporel de l'eau, alors le Christ est venu mourir en vain car ils avaient déjà le baptême d'eau.

8. Il est certain que l'Eglise du Christ baptisait d'un autre baptême que celui de Jean-Baptiste, comme le montre Jean l'évangéliste lorsqu'il dit: "Mais quand Jésus sut que les pharisiens avaient appris qu'il faisait et baptisait plus de disciples que Jean (toutefois Jésus ne baptisait pas lui-même ses disciples) ..."

9. Et Jean-Baptiste l'a lui-même clairement affirmé, disant: "Je vous ai baptisés d'eau, mais il vous baptisera du Saint-Esprit".

10. Cependant, Jean n'était venu baptiser d'eau que pour conduire le peuple à croire au baptême du Christ et pour lui rendre, à lui dont il prêchait la venue, un ferme témoignage.

11. Car l'Esprit Saint ne devait descendre sur aucun de ceux que baptisait Jean, hormis Jésus, ce par quoi il devait reconnaître le Christ, qui baptiserait du Saint-Esprit.

12. Sinon il n'aurait point su qui était le Christ, comme il l'a dit dans l'évangile de Jean: "Je ne le connaissais pas, mais c'est afin qu'il soit manifesté à Israël que je suis venu baptiser d'eau.

13. Car j'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et s'arrêter sur lui.

14. Je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau m'a dit: celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint-Esprit.

15. Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage qu'il est le Fils de Dieu". C'est pourquoi Jean baptisait; car, baptisant dans l'eau, il devait reconnaître Christ et le désigner au peuple comme étant celui qui donnerait l'autre baptême.

16. Mais de ces deux baptêmes, Paul a montré qu'un seul assure le salut car il dit: "Une seule foi, un seul baptême".

17. Et Luc dit dans les Actes des Apôtres quel baptême est donné par l'Eglise de Dieu et montre bien que la baptême d'eau est moindre, disant: "Quand Paul vint à Ephèse, il trouva là certains disciples et leur demanda s'ils avaient reçu l'Esprit après avoir cru.

18. Et ils lui dirent nous n'avons même pas entendu dire qu'il y eût un Saint-Esprit.

19. Et Paul leur dit: de qui avez-vous été baptisés? et ils dirent: du baptême de Jean.

20. Alors Paul leur dit: Jean a baptisé du baptême de repentance, disant de croire en celui qui venait après lui, c'est-à-dire en Jésus.

21. Ayant entendu ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint vint sur eux".

22. Notons que si ceux qui, étant d'âge mûr, étant croyants de coeur et connaissant le bien et le mal, n'avaient pas reçu l'Esprit par le baptême d'eau, comment donc, par ce même baptême, les petits enfants qui n'ont pas de croyance ni la connaissance du bien et du mal, pourraient-ils le recevoir?

23. Luc affirme encore, disant: "Quand les apôtres qui étaient à Jérusalem, eurent appris que la Samarie avait reçu la parole, ils envoyèrent Pierre et Jean.

24. Ceux-ci, lorsqu'ils furent arrivés, prièrent pour eux afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit car il n'était pas encore descendu sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors les apôtres leur imposèrent les mains et ils reçurent le Saint-Esprit".

25. Et Paul dit à Timothée qu'il avait baptisé de ce baptême: "Je t'exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l'imposition des mains".

26. Et ainsi fit Ananias en baptisant Paul.

27. Et on voit que beaucoup d'autres qui n'étaient pas les apôtres donnaient ce baptême, juste en l'ayant reçu de la Sainte Eglise, car l'Eglise du Christ l'a gardé sans interruption et le gardera jusqu'à la fin, ainsi que le Christ a dit: "Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

28. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde".

29. Et Pierre montre clairement que nul n'est sauvé sans ce baptême, disant: "Comme aux jours de Noé, un petit nombre, c'est-à-dire huit, furent sauvés par l'arche, de la même manière, le baptême vous sauve...".

30. Ainsi, tout homme qui n'est pas baptisé de la sorte n'est pas sauvé comme ceux qui étaient en dehors de l'arche périrent dans le déluge; car il est dit: "de la même manière, le baptême vous sauve..." Cela suffit à propos du baptême.

Pour petit rappel Les cathares absolus pensent que le principe du Mal ne pouvait trouver son origine dans le principe du Bien. Autrement dit, représentant le Bien absolu, Dieu ne pouvait avoir créé un ange corruptible (Lucifer). Pour les dualistes mitigés, les deux principes, le Bien et le Mal, coexistent depuis la création divine, puisque c'est hors de cette création qu'ils se trouvent.Les cathares reconnaissent donc un ou deux principes, selon qu'ils se proclame « monarchiens », ou « dyarchiens », « mitigés » ou « absolus »

Le catharisme considère que Dieu est étranger au Mal, que « le Royaume de Dieu » n'est pas de ce monde, et qu'il y a eu deux créations : l'une divine a créé l'homme divin, le parfait, le christ, l'Esprit ; l'autre imparfaite, et impliquée dans la matière façonnée par un démiurge.Ce monde que nous connaissons !
L'homme, à la fois ange et démon par sa double formation, ne pourra retourner au Divin que par un détachement de sa condition humaine. Le Christ est venu sur terre pour transmettre ce message et montrer, par l'exemple, comment on retourne au Père.

RITUEL OCCITAN DE LYON

Traduction de René Nelli

in Ecritures cathares, éd. du Rocher, 1995

Notice de René Nelli

Deux rituels cathares sont parvenus jusqu'à nous : l'un, dit de Lyon (manuscrit du palais des Arts, Lyon), est rédigé en langue d'oc ; l'autre, celui de Florence (incomplet), en latin. Le rituel de Lyon a été publié en 1881 (Le Nouveau Testament traduit au XIII° siècle en langue provençale, suivi d'un rituel cathare ; reproduction photolithographique du manuscrit de Lyon, publiée par L. Clédat, Paris 1887). Nous avons généralement suivi le texte établi par son dernier éditeur, L. Clédat, et utilisé sa traduction, sauf sur quelques points où nous avons adopté de menues corrections proposées par le P. Dondaine, notamment en ce qui concerne la ponctuation.
Le fragment du Rituel latin de Florence figure dans le même manuscrit que le Liber de duobus principiis, et il a été étudié, en 1939, à la suite de ce traité, par son « inventeur », le P. Dondaine (Un traité néo-manichéen du XIII° siècle : le Liber de duobus principiis, suivi d'un fragment de rituel cathare, publié par A. Dondaine O.P., Rome, 1939). M. D. Roché en a donné une traduction presque complète dans : L'Eglise romaine et les Cathares albigeois (Arques, Aude, 1957 ; pp. 175-202) : nous lui avons fait de très larges emprunts, ainsi qu'aux notes excellentes qui l'accompagnent.
Les deux rituels se ressemblent beaucoup et témoignent, par conséquent, d'une certaine fixité dans la liturgie cathare au XIII° siècle. Le rituel roman est moins développé que le rituel latin (cependant mutilé), mais les cérémonies décrites dans l'un et dans l'autre se correspondent parfaitement et sont à peu près identiques.
« Le culte public, écrit le P. Dondaine, était presque inexistant (chez les Cathares); quelques assemblées de prières dans des lieux non spécialement consacrés, où les fidèles, simples croyants et baptisés, participaient à la récitation en commun de l'Oraison dominicale, confessaient publiquement et d'une manière générale leurs fautes et en recevaient l'absolution par les ministres, entendaient les sermons et les instructions morales, prenaient part au repas rituel, en constituaient tous les éléments. C'est au cours de ces assemblées que s'insérait la cérémonie de la consolation et alors la réunion prenait un éclat exceptionnel » (Dondaine, op. cit., p. 34).
Les Cathares ne connaissaient, en effet, que deux cérémonies essentielles qui constituaient les deux degrés successifs d'une sorte d'initiation : la Tradition (c'est-à-dire la transmission) de l'Oraison dominicale et le Baptême spirituel ou Consolation (Consolamentum). Par la première, les simples auditeurs devenaient « croyants » et membres de l'Eglise Cathare, par la seconde ils devenaient « parfaits chrétiens ».
Le croyant « recevait » le Pater en présence de l'assemblée des fidèles. Il était d'abord présenté à l'Ordonné (simple « bonhomme », diacre ou évêque, selon le cas) par une sorte de parrain (le doyen de la Communauté ou l' « Ancien »). Après avoir expliqué au récipiendaire la signification des rites qu'il allait accomplir, l'Ordonné lui remettait le livre des évangiles. Puis, le croyant faisait son melioramentum (demande de bénédiction et de pardon des fautes) ; et la cérémonie prenait fin. A partir de ce moment il avait le droit - mais aussi le devoir - de réciter l'oraison dominicale dans toutes les circonstances, assez nombreuses, prévues par le Rituel.
Comme on le voit, les obligations religieuses des croyants, pour simples qu'elles fussent et non sacramentelles, ne laissaient pas d'offrir un aliment suffisant à leur vraie spiritualité, pour peu qu'elle se manifestât. Sans doute, l'esprit du catharisme interdisait-il aux « bonshommes » de contraindre les consciences : ils savaient que nul ne peut être sauvé - ni même avoir seulement le désir de l'être - tant qu'il n'avait pas été préparé, par une longue évolution accomplie au cours de plusieurs vies successives, à aimer la vertu ou la sainteté. Mais ils ne cessaient d'éclairer l'âme des croyants, afin de leur donner l'occasion de faire la preuve, le cas échéant, qu'ils étaient parvenus à cet état. Les croyants pouvaient mener la vie qu'ils voulaient, mais s'ils venaient à être vertueux, ils se mettaient, de ce fait, sous la surveillance morale de la communauté des fidèles, laquelle décidait s'il convenait de leur transmettre, ou non, l'Oraison, et à plus forte raison de leur donner, ou non, le Consolamentum.
Il s'écoulait, d'ordinaire, un temps assez long entre la cérémonie de la Traditio orationis et celle du Consolamentum (ou Consolation). Le Consolamentum - ou baptême spirituel - était la cérémonie la plus importante du catharisme. « Elle débutait par une allocution analogue à celle du rite précédent, puis le ministre plaçait le livre des évangiles sur la tête du croyant et chacun des assistants déjà consolés venait lui imposer la main droite ; le maître de cérémonie, « celui qui guide le service », dit le rituel roman, lisait le propogue de l'évangile de saint Jean dans le texte latin. On récitait plusieurs fois l'Oraison dominicale accompagnée de formules d'adoration ; avant de se séparer les assistants et le nouveau fidèle se donnaient le baiser de paix et recevaient une pénitence liturgique, le servicium » (Dondaine, op. cit., p. 36).
Le Consolamentum avait pour effet de réunir l'Âme à son Esprit (impeccable), d'assurer au croyant le pardon de ses fautes passées, et de lui rendre sa vraie liberté - non pas le « libre arbitre », mais le pouvoir de reconnaître le mal et de lui résister. A la limite, elle le mettait dans l'impossibilité de faire le mal volontairement. Après avoir reçu le Consolamentum, le parfait chrétien était tenu de mener une vie absolument exemplaire : il ne devait pas commettre l'homicide - ni à la guerre ni en cas de légitime défense -, il ne devait pas se livrer à l' « adultère » - les Cathares jugeaient ainsi toute oeuvre de chair -, il ne devait pas jurer. « Il s'obligeait à l'abstinence totale de fromage, de lait, d'oeufs, de la chair des oiseaux, des reptiles ; et en général de toute alimentation carnée. Enfin, il fallait qu'il fût capable de supporter la faim, la soif, les scandales, la persécution et la mort plutôt que de se parjurer. Il devait, par humilité, une obéissance totale à l'Eglise et à ses ministres » (Dondaine, op. cit., p. 48).
Le Consolamentum conférait donc au croyant une sorte de sainteté - ou plutôt faisait la preuve qu'il était devenu un saint. Mais, pour cette raison même, si, après l'avoir reçu, il retombait dans le péché, ce qui demeurait possible, étant donné la puissance de la tentation satanique dans le monde du Mélange - il devait expier très durement et très longtemps sa faute, parce qu'on estimait qu'il avait péché en toute liberté (entendue au sens cathare), mais aussi en toute malice (par consentement spirituel au Mal) à la fois contre son propre esprit et contre le Saint-Esprit. C'est pour éviter pareilles rechutes que l'on exigeait du profès qu'il se mît en abstinence, avant de recevoir le livre des évangiles. Cette abstinence - véritable état de jeûne - destinée à le préparer à l'abstinence perpétuelle imposée par le Consolamentum, durait parfois plus d'un an. Si la Consolation n'était pas donnée après la réception de l'Oraison, elle était précédée d'un nouveau jeûne plus long encore. Les Cathares croyaient qu'un ministre en état de péché ne pouvait pas transmettre le Consolamentum : une transmission automatique et indépendante de la valeur morale du ministre leur eût semblé ressortir à la magie. Mais, pratiquement, comme l'Ordonné demandait pardon de ses fautes à l'assemblée des fidèles, avant la célébration des rites, il était toujours en état de grâce. Il arrivait, cependant, que pour plus de sûreté, des Cathares se fissent consoler deux fois, s'il leur venait des doutes sur la bonne conduite de leur pasteur.
C'est pour éviter de retomber dans le mal, sans espoir d'un nouveau pardon, que beaucoup de fidèles attendaient le dernier moment - souvent celui qui précédait leur mort - pour se faire consoler. Dans ce cas, la cérémonie ne leur procurait pas nécessairement le salut ; elle leur en donnait seulement l'espoir, si les fidèles priaient ardemment pour qu'il ait lieu. Le Consolamentum des mourants était donc, comme l'a bien vu M. D. Roché (D. Roché, L'Eglise romaine et les Cathares albigeois, Arques, 1957, p; 202, n. 23), « un Consolamentum provisoire et conditionnel ». Et, bien entendu, si le malade guérissait, tout était à recommencer. C'est l'assemblée des fidèles qui jugeait alors de l'état de spiritualité où était parvenu le postulant, et s'il convenait de le consoler à nouveau, à titre définitif. Assez souvent, si ce dernier ne paraissait pas d'une vertu éprouvée, on différait la cérémonie. La convinenza était une sorte d'arrangement conclu dans des circonstances exceptionnelles : la guerre, par exemple - entre un croyant et un parfait chrétien, aux termes duquel le croyant s'engageait à demander le Consolamentum - et le « parfait » à le lui donner sans lui poser les questions rituelles, si son état physique, une blessure grave, par exemple, le mettait hors d'état d'y répondre.
Les rites cathares n'ont rien de spécifiquement manichéen ou gnostique. Ils ressemblent à ceux qui se pratiquaient dans la primitive Eglise. Comme le note le P. Dondaine : « Les éléments conservés par le Consolamentum appartiennent très certainement au rite chrétien... la tradition du Pater et l'imposition des mains sont les témoins d'un âge où la Confirmation était rattachée au Baptême... On ne peut pas nier leur tenue sobre et archaïque, à ce point qu'on est en droit d'y voir des vestiges parmi les plus anciens de la liturgie baptismale chrétienne » (Dondaine, op. cit., p. 41).

Sur la question de Dieu, du Bien, du Mal (Gnose Cathare)


Dieu, appelé le principe Bon, existe de toute éternité et n'aura pas de fin. Il est parfait et son œuvre est parfaite, inaltérable et éternelle. Il est omniscient et tout puissant dans le Bien. Dieu est le créateur de ce qui est, et ce qu'il n'a pas créé n'est rien (nihil traduit par « néant »). Les esprits, appelés anges par simplification, sont de nature divine.
Dans le Néant est le principe Mauvais, ou principe du Mal. Dieu, qui n'a pas de mal en Lui, ne peut connaître ce principe Mauvais, mais celui-ci, ambitionnant d'imiter Dieu, est parvenu à détourner une partie des esprits de la création divine. Le principe Mauvais a attiré les esprits par force (catharisme absolu ou dyarchien), ou par tentation (catharisme mitigé ou monarchien), car il n'a d'existence que pour autant qu'il puisse se mêler à la création divine (le Bien).
Cette vision de la constitution de l'univers visible est à la base du mythe de la chute du tiers des anges .....Cette création, issue d'un démiurge imparfait et non éternel, est imparfaite et corruptible. Elle a eu un commencement et elle aura une fin. Cette fin surviendra quand le Mal s'étendra sur la création et que les esprits auront réussi à s'extraire de leur prison charnelle pour retourner à Dieu. Alors, le Mal, ayant perdu les avantages du mélange, redeviendra Néant. Le Mal est donc vainqueur dans le temps, mais son accomplissement constitue sa perte. Il est donc vaincu dans l'éternité.......

 

L'Esprit Saint souffle quand et où il veut, et comme il veut.Il parle à chacun selon son propre état d'avancement sur le chemin et à chacun selon sa compréhension présente de la gnose cathare.Je doute qu'il saccage quoi que ce soit en nos jardins puisque l'Esprit Saint,qui est l'intelligence du Christ, en est l'unique animateur dans l'amour du Père.

L'esprit est libre et ne se soumet à aucune définition ni modalités mondaines, et ne devrions-nous pas plutôt craindre qu'à force de récurer cette gamelle , on ne finisse qu'à en retenir les incessants frottements plus proches de la prédation que de la dilection ,et non plus le mouvement de notre âme, nécessaire au détachement des choses de ce monde?Cette dogmatisation du geste, de la "praktike" ne pourrait-elle pas nous faire déchoir de notre hypothétique état de "perfectus hereticus", de bons chrétiens et nous faire perdre la liaison d'avec l'Esprit Saint.
Le Père n'a-t-il pas créé par l'Esprit Saint que toutes les vertus de Cieux? Et comme le dis si justement Ruben, pour les Cathares, le monde est autant étranger à Dieu que Dieu est étranger au monde. Il n'intervient pas, ni n'est à l'œuvre dans ce monde. Le catharisme appelle à se défaire du monde pour entrer dans le « royaume de Dieu », le royaume originel d'où nous venons tous.Cette mission commence par soi-même, par la recherche de sa propre amélioration au moyen de la prière, de la méditation et de l'ascèse. Cette amélioration va également de pair avec le ministère, la bénédiction et le pardon. Ce ministère doit être sans cesse signifié et renouvelé et il trouve son parachèvement dans la Consolation elle-même.

Baisers de Paix

KaJi

Montségur (Photo LuMa 2015)

« Nombreuses sont les souffrances que j'ai endurées dans cette demeure enténébrée. Mais toi, qui es ma lumière véritable, illumine-moi de l'intérieur, redresse-moi, moi qu'on a fait tomber à terre, donne-moi la main pour m'entraîner avec toi dans la hauteur » Mani. (A.Villey in " Psaumes des errants "

La prière, elle aussi, contribue à détacher du corps ou de la Matière l'âme de l'homme aussi bien que les particules de substance lumineuse et vivante qui y sont retenues captives ; elle les purifie et les convoie tout au long de leur ascension jusqu'au monde divin. Elle est exaltation de lumière et imaginée elle-même comme lumineuse" H.C. Puech 

Dans "La Grande Révolution", Jan van Rijckenborgh ecrit : Entendre la Voix, le langage de Dieu est un son transmis par le champ de force du Royaume immuable. Chaque énergie a une fréquence de vibration, et par conséquent émet un son.C'est la musique des sphères consacrée à Dieu, musique que l 'on peut percevoir lorsque, dans le silence du coeur, on cesse toute lutte selon la nature du monde et toute lutte pour la libération du moi . C'est une voix magnétique qui appelle celui qui est fatigué ; c 'est la force qui donne véritablement le repos.
 

Le silence est la condition essentielle pour que s 'engage le processus de transformation. Le silence pur, où résonnent l ' harmonie et la paix, est plus que l 'absence de bruit et d 'agitation. Le silence conduit humblement l 'âme à la sagesse et à la paix profonde. Comme adeptes de la gnose, il est de notre responsabilité de partager non seulement le message de lumière du Père Céleste avec les autres, mais aussi de prier pour eux - même si ce sont nos pires ennemis. Nous prions pour toutes les âmes, quelle que soit leurs positions et leurs conditions dans la vie mondaine. Nous prions pour ceux qui sont pris au piège dans les fausses religions et ceux dévolus au culte de Satan, de l'ego et du matérialisme dominant. Nous prions également pour toutes les créatures vivantes en ce monde présent..
Peu nous importe au fond l'enveloppe des âmes enfermées en ce monde illusoire du démiurge ,
nous prions et pardonnons afin que nul ne soit écarté...
Nous regardons le monde et notre âme en premier,mais nous pourrions fermer les yeux un moment et pardonner avec humilité à toutes les créatures du ciel et de la terre
Regarder l'ego sans projection, sans jugement, c'est le regarder avec humilité.Nous observons l'ego dans son arrogance lorsque nous saisissons l'étendue de ses tromperies, de ses intrigues et de sa méchanceté. Celui-ci tente de nous duper au point de penser être sans ego, plus avancé spirituellement que nous ne le sommes en réalité...
D'abord, cela demande déjà de l'humilité de reconnaître à quel point nous ne voulons pas de la paix du Christ, à quel point nous nous accrochons fermement à notre système de croyances et de rites, soumis aux "dictats" des heures de ce monde et à la poursuite de nos intérêts égoïstes et à notre particularité individuelle.
Puissent nos prières monter vers le Père Céleste par les mains, le coeur et dans l'esprit de notre engagement spirituel, et au plus près de notre entendement du bien, puissent-elles apporter de bons fruits à tous ceux pour qui nous prions et nous amener tous à bonne fin.
Benedicité et parcité nobis
KaJi

N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. 
(1 Jean 2: 15-16)

Mont-Aimé à Bergères les Vertus (Photo LuMa-2015)

Aubri de Trois-Fontaines le chroniqueur des événements du Mont-Aimé affirmait que Fortunat, le prêtre manichéen chassé d'Afrique en 391 après s'être disputé avec Augustin est venu se réfugier en Champagne et que depuis environ huit cents ans, depuis l'arrivée de Fortunat se sont développées des idées hérétiques Sachez par exemple qu'en l'An Mil, à Vertus, Leutard développait les thèmes manichéens et cathares et y ajoutait une contestation sociale fort populaire et le refus de payer l'impôt à l'Église... Ce qui était somme toute logique. Pour cela, on l'a traité de fou hérétique puis on l'a emprisonné et ensuite, pour être bien sûr, on l'a suicidé dans le puits de Vertus, dit « puits de Saint-Martin »... Et c'est sur le Mont-Aimé à Bergères les vertus dans la Marne, que le vendredi 13 mai 1239, cinq ans avant Montségur ;183 hommes et femmes convaincus de catharisme furent brûlés....

Nous trouvons dans ce texte le support de la pensée de Nazario (Evêque cathare de Concorezzo ) Anselmo d'Alessandria dit que « Nazario croyait que le diable fit le soleil avec une partie de la couronne d'Adam et la lune avec l'autre partie. Il croyait aussi que le diable fit la lune, les étoiles et cinq autres étoiles, qui ne sont pas dans le firmament, avec une partie de la couronne d'Ève, et avec l'autre partie le trône sur lequel Sathanas siège dans le ciel étoilé. C'est de là qu'il domine tout le monde inférieur, exceptées les âmes du <Dieu> bon. Nazario croyait également que le diable fit toutes les autres étoiles à partir de pierres précieuses ». Or nous lisons dans l'Interrogatio Iohannis que Sathanas « s'installa dans le firmament » et qu'il « prit la couronne de l'ange qui commandait aux eaux : d'une moitié il fit la lumière de la lune ; de l'autre la lumière des étoiles. Avec les pierres précieuses il fit toutes les milices des étoiles »11. On ne sait ce qui fit penser à Nazario que la couronne de l'ange qui commandait aux eaux correspondait aux couronnes d'Adam et d'Eve, mais le rapport est évident. En revanche, nous ignorions d'où Nazario pouvait tirer ce genre d'idées : « Nazario disait que le soleil et la lune sont des astres animés et qu'ils forniquent tous les mois. Il disait aussi que la rosée et le miel sont les fruits de la luxure du soleil et de la lune, et que c'était la raison pour laquelle il ne voulait pas manger de miel ». 


Note sur l'Endura : 

Notre nature ne peut changer dans ce monde, ni le changer ce qui explique, que le dernier chemin est bien de lâcher prise et de laisser tomber le plus tôt possible la pesanteur qui nous cloue dans ce corps de chair. Endurer ce monde pour s'en séparer, ouvrir la porte de la chambre nuptiale en soi permet au Parfait de mourir au monde en laissant là ce qui appartient au Diable et à César, Tout ici-bas est d'origine diabolique, excepté cette infime tiers d'âme qui nous vient du monde divin. Et ainsi, nous rendons à Dieu ce qui lui appartient (la perle de l'âme) afin de rejoindre le Plérôme, Libre dans l'unité de notre origine céleste. L'Endura est l'action ultime en ce monde, acte libérateur qui nous ramène au Père Céleste. En la Gnose Cathare, et à notre connaissance, l'endura est une période de jeûne qui suit l'administration du Consolamentum chez un malade ou un mourant afin de préserver la plus profonde pureté son âme en communion spirituelle avec le Père Saint. Ne boire qu'un peu d'eau froide est une manière de montrer que ce monde ne les atteint plus ou ne doit plus les atteindre. Il consiste en l'abstention volontaire de la nourriture vitale. Le Consolamentum et l'endura peuvent être effectués au stade final d'une maladie avec le consentement des croyants ou de leurs proches
Lors du consolamentum accordé aux mourants, il arrivait que ce jeûne favorise le décès - ou parfois même sa guérison - mais sans aucune intention homicide. D'après des témoignages tirés des registres de l'inquisition, il a été rapporté que certains parfaits emprisonnés ou victimes de malades graves, se plaçaient volontairement en état d'endura jusqu'à ce que mort s'ensuive, et cela afin de préserver le bénéfice du Consolamentum.Il faut souligner que l'endura, bien que pratiqué par certains Parfaits n'a jamais été encouragé et qu'il n'a jamais été acté comme un suicide rituel. La plus totale liberté est laissée au Consolé qui choisit au mieux de son propre entendement du Bien.

Et En un texte de Michel Roquebert 

Mouvement et doctrine cathares
L'exemplarité de Montségur (1204-1244)

 :  Tout le monde, fût-on matérialiste, admet qu'il y a un ordre de réalités visibles, tangibles, par exemple le corps, et un ordre de réalités invisibles, qui échappent aux sens : l'âme, l'esprit, etc. Pour le catharisme ces deux ordres de réalités constituent l'équation fondamentale, à savoir : les réalités invisibles échappent au temps et sont indestructibles, donc l'âme est immortelle ; les réalités visibles, temporelles, sont vouées à la corruption et c'est dans cet ordre de réalités que le Mal se manifeste. Ainsi, l'homme souffre parce qu'il n'est pas pur esprit. « Délivrez-nous de la matière et du temps », telle pourrait être la formule de la prière cathare. Il est impossible que le Bon Dieu ait pu créer la matière et le temps, c'est-à-dire le monde du mal. Un mauvais principe est donc à l'origine d'une mauvaise création. Parce qu'il est à la fois âme et corps, l'homme se situe entre deux mondes, entre la bonne et la mauvaise création.

Trois arguments sont avancés pour le prouver.

Un argument de logique formelle : les principes des contraires sont des nécessairement contraires. Ce faisant, les cathares ne citent pas Aristote, dont la lecture est interdite au XIIe siècle, mais l'évangile de saint Mathieu,le bon arbre ne peut produire de mauvais fruits. C'est le fondement du dualisme. Les cathares ne sortent pas des Écritures, excepté le texte apocryphe mentionné plus haut Interrogatio Joannis. Il faut le rappeler, car on les traite à tort de manichéens. Jamais les cathares ne se sont appuyés sur les textes manichéens persans. Le dualisme existait déjà dans les hérésies du christianisme primitif. Or, Irénée de Lyon les combat bien avant l'existence de Manès. Mais il s'avère commode d'utiliser la réfutation du manichéisme par saint Augustin pour condamner le catharisme.

Le second argument est un argument d'autorité fondé sur le prologue de l'évangile de Jean, essentiellement : In principio, en grec archè, c'est-à-dire commencement et fondement, erat Verbum, en grec Logos, c'est-à-dire parole, raison, logique en action. Donc, au commencement et fondement était le Logos, autrement dit, à la racine de tout il y a du logique qui s'exprime et donne sens à tout, d'autant plus que ce Logos, le Christ, s'est incarné. Mais le cosmos, c'est-à-dire le monde organisé, a rejeté le Logos. Dès lors l'opposition Logos/cosmos conduit à affirmer qu'il n'y a plus de Logos dans le monde, que le monde est absurde et qu'en refusant le Logos, il a fait preuve de son inanité.

Dans saint Jean, il y a opposition entre royaume et monde : le royaume c'est le domaine du Logos, le monde c'est le domaine du Mal. Il existe donc deux mondes, notre âme provient du royaume et se trouve exilée dans le monde mauvais. Per ipsum omnia facta sunt et sine ipso factum est NIHIL,c'est-à-dire par lui, le Logos, tout a été fait et sans lui rien n'a été fait. Les cathares, eux, lisent : sans lui a été fait le Néant (Nihil). Le Néant c'est le monde du Mal, voué à la destruction, donc la réalité visible est Néant. Leurs prédicateurs en ont convaincu les gens. L'évangile destiné aux cathares, écrit en occitan, fournit la contre-épreuve, en traduisant aussi « sans lui a été fait le Néant ». En somme les cathares font une lecture dualiste du Nouveau Testament et cette lecture est imparable sur bien des points. Saint Paul semble faire écho à Jean quand il écrit « sans la charité, je ne suis rien », la charité c'est la substance divine, l'amour. Notre âme appartient à la bonne création et si nous n'avons pas cette parcelle, nous ne sommes qu'un corps, un néant. Bien plus qu'un sens moral, il s'agit d'un sens métaphysique.

Le troisième argument est d'ordre existentiel : le cathare se refuse viscéralement à penser que Dieu soit l'auteur du Mal puisqu'il est infiniment bon. La toute-puissance est limitée par l'infinie bonté : Dieu ne peut agir que dans le bien, sous peine de se nier lui-même. À partir de là s'expriment les nuances sur le dualisme absolu ou mitigé. Les cathares acceptent tout à fait le livre biblique de la Genèse où est racontée l'histoire de la création, mais pour eux c'est l'histoire du principe du Mal. C'est, en quelque sorte, l'histoire du diable. Les cathares opposent le Dieu cruel, vengeur, de l'Ancien Testament au Dieu bon du Nouveau Testament. Il faut avouer que cette conception est assez simplificatrice.

La morale cathare découle naturellement du fondement théologique dualiste. Si l'âme est une parcelle de bonne création enfermée dans le corps, parcelle de monde mauvais, le salut consiste à se débarrasser au plus vite de cette enveloppe de peau. L'âme a oublié ses origines et le Logos s'est incarné pour le rappeler. La souffrance n'est pas rédemptrice et Dieu n'a pu vouloir sacrifier son messager. La pensée cathare sur la véritable nature du Christ est très floue, c'est sa faiblesse. On s'évade de ce monde par le baptême qui transmet l'Esprit, c'est-à-dire la connaissance révélatrice qui redonne mémoire à l'âme. C'est le baptême de l'Esprit, transmis par l'imposition des mains, que les cathares prétendent avoir reçu dès les origines, le baptême d'eau donné par le Christ et les apôtres n'étant qu'un rite transitoire de purification. Aussi, les cathares accusent-ils l'Inquisition de briser la chaîne apostolique en les envoyant au bûcher. La seule voie du salut c'est le sacrement et l'ascèse, mais l'ascèse comprise comme exigence métaphysique et pas seulement comme discipline pour mieux servir Dieu : c'est parce que le monde est mauvais que la sexualité, qui engendre les corps, est mauvaise, que l'aliment carné est mauvais, la viande venant de la luxure.

Sur les fondements doctrinaux précités, va s'édifier une société hiérarchisée, structurée, avec des règles de vie. Pour entrer dans le clergé, le fidèle doit prononcer des vœux, comme chez les catholiques, mais il n'y a pas de contemplatifs, il faut travailler de ses mains, à l'exemple de Paul qui déclarait « celui qui ne travaille pas, ne mangera pas »... au point que tisserand, en Flandre, était synonyme de cathare...

La doctrine cathare impose le végétarisme, proscrivant tout ce qui vient de la chair, excepté le poisson, animal à « sang froid » ; la chasteté absolue, la sexualité étant une invention du diable puisqu'elle fabrique les enveloppes de peau qui enferment l'âme ; la non-violence absolue, donc pas de légitime défense, ni de meurtre ; la défense de mentir et de prêter serment.


 Les êtres vivants sont animés par le principe bon mais évoluent dans une enveloppe charnelle et dans un monde construit par le mal. Ainsi, les cathares ne peuvent détruire l'oeuvre divine en osant tuer, ôter la vie, insufflée par le principe bon et ce, à n'importe quel être vivant, sans, par conséquent, sombrer dans le mal. 

C.O.R.D.A.

"Catharzy Ordo Receptio Dualis Absolutae "

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